P2/ #4 : Grand Place

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GRAND PLACE

J'entends la question la plus posée de l'ère des communications nomades :

– T'es où ?

Vous n'êtes pas loin : marcher/ lopen/ walking dead in front of you... Au Carrefour de l'Europe, descendez par la Putterie, pour rejoindre la rue du Marché aux Herbes longeant l'îlot sacré. Sur votre droite : les galeries de la Reine, où s'aventura Verlaine chez Montigny l'armurier, pour y acheter le revolver qui faillit tuer Rimbaud – une Saison trop tôt ! C'eut été pas d'veine ! Ha ! Bruxelles, ce hell hole ! Déjà !

Tournez à gauche/ gira sinitra/ links af/ rue de la Colline/ des Harengs/ Chair et Pain/ au choix et vous tomberez sur la Grand-Place – enfin, grande à l'échelle Belgique. Désolé Shanghai ! Tokyo ! Delhi ! Moscou ! New-York ! Paris ! Istanbul ! Londres ! – j'ai pas plus p'tit ! Si vous cherchez des souvenirs/ souvenir/ vous trouverez de quoi faire votre bonheur en boutique – par ici...

Prenez les couleurs du Magnum Opus dans le désordre pour votre charte graphique; le reste se décline en items iconiques tels que Boules à neige Atomium/ porte-clés ou tire-bouchon Menneke pis/ Tintin et têtes couronnées sur assiettes et tasses. Je ne vous parle même pas des frites/ des bières d'abbaye (dont ma favorite, l'Orval)/ du chocolat noir néocolonial, au lait, aux larmes et cetera. Grosso-belgo, tout un patrimoine national de bibelots se comptant sur les doigts de la main gauche d'un certain Django. Ceci n'est pas une pipe une fois – ni du surréalisme à gogo. C'est tout naturel ! À l'état correspond l'Ego ! Alors imaginez l'bordel ! Si vous pensez bel et bien être Belge, poussez votre petit cocorico ! « Gardant pour devise immortelle : Le Roi, la Loi, la Liberté ! » – cherchez l'intrus ! Ou coupez tout droit par la rue au Beurre/ rechtdoor/ todo seguido... La visite continue ! (Pss ! Je crois que notre guide ferait mieux de changer de boulot !)

Derrière la Bourse, je croise un attroupement d’appareils-photos mitraillant un pauvre chien, mendiant tout seul, des lunettes de soleil en forme de cœurs sur la truffe – moins cynique que stoïcien, contrairement à son voisin, posté plus loin, avatar de barde lyrique, avec guitare sèche et porte-harmonica diatonique : « Rien je ne reconnais rien. Dxxx seul sait d'où je viens. Loin comme tout me semble loin. Non ce royaume n'est point le mien ! »

Comme je le plains, ce vieux modèle maudit – changez-lui les piles je vous en supplie ! Moi je ne me suis jamais senti plus chauvin qu'aujourd'hui : « Pays d'honneur ô Belgique ô Patrie ! Pour t'aimer tous nos cœurs sont unis. À toi nos bras notre effort et notre vie. C'est ton nom qu'on chante et qu'on bénit. » – Vous n'auriez pas pu mieux tomber cher ami, si vous cherchiez encore votre chemin... Rue Neuve... Nieuwstraat... Oui...

C'est bien simple : continuez le long de la rue des Fripiers/ en suivant le parfum des gaufres caramélisées/ glissez-vous entre l’Évêque et l’Écuyer pour rejoindre la place de la Monnaie : là où l'émeute fut déclenchée par la Muette, en 1830, faute d'avoir pu dès 1789 faire notre Joyeuse Entrée dans la bande. Après la fête, vous n'avez plus qu'à sauter le Fossé aux Loups et vous y êtes/ du bist da/ bent u er al – de nada mon pote...



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