P1/#4 : Bémol Au Mélo

BÉMOL AU MÉLO

Ça va mieux ? – plus pour longtemps... Retour au pied du mur des slamentations... Sortez les mouchoirs et les violons... on reprend !

OK. C'est un fait : j'ai mal. J'ai beau me convaincre que la raison l'emporte, la douleur m'informe et je passe de force par les larmes – pourquoi toujours attendre qu'elles débordent, ces eaux troubles immémoriales ? Si ça tombe je ne pleure même pas, tiens, je baille. Je ne sais d'où ça me vient mais c'est tenace. « Aïe ! » – Un rien romantique, oui je le crains, c'est dégueulasse. Baptême aidant, certainement... sequela christi, merci pour le don de sang... Soit mon corps est trop petit, soit mon désir trop grand ! C'est ce que je suis ! Difficile de faire sans – à vrai dire, ça me serait d'autant plus pénible d'étouffer c'que j'ressens...

J'ai peur, je l'avoue. J'ai peur oui, qu'en réalité, écrire... ne soit qu'un alibi; et la figure du poëte maudit, qu'une vieille couverture pour mener en douce ma sous-vie : carrière démissionnaire de soft-junky... Désolé chéries ! La prétendue Solitude et l'allumeuse Liberté, tout ça, c'est des conneries ! La vérité, c'est que je ne suis pas libre mais carrément dépendant ! ni tout seul : le Manque est une gueule de plus à nourrir quotidiennement...

Je ne vois que toi pour me donner envie d'être clean – ne fut-ce que pour être sûr que je ne rêve pas. J'hallucine ou tu m'as demandé un jour pourquoi je ne pourrais pas changer de régime maintenant que je t'avais, toi ? On se croirait dans un teen-movie, énième resucée de Dracula : moi Edvard toi Bella... La scène où tu m'offres ta jugulaire : « Je t'en prie, mords-moi ! »

– Doucement ! Oulla ! Veux-tu réellement devenir ma came ? Et comment je fais, quand tu n'es pas là ? Comme à présent... Du calme ! Je commence à grincer des dents... Et dire que je n'ai plus rien sur oim... C'est malin, le vide compte double cette fois. Il ne me manquait plus que ça, tiens ! Je suis mordu. ça m'apprendra. C'est ton p'tit cul qui me perdra... Irons-nous jusqu'à la scène où tu meurs, et deviens vampire à ton tour, histoire d'éterniser notre amour avant l'heure ? Comme c'est gothico-romantique ! – « Coupez ! ». Il n'est pas de fin heureuse – c'est un oxymore... et le Raven ramène sa fraise pour la rime d'un : « Nevermore ! » ...classique. Mieux vaut des regrets ou des remords ? question rhétorique. Il ne faut jamais dire : « Pour toujours », trésor – ne sois pas si sadique... (Spéciale dédicace à Maldoror alias Isodore Ducasse – attention : caustique).

Oh ce n'est pas le Malheur avec un grand m, qui m'fait bander ; c'est plutôt le Bonheur avec un grand b, qui me fait bader... On ne peut pas dire que ce dernier me soit familier. J'ai vu des esclaves, des orphelins, des estropiés plus heureux... J'imagine qu'il y a des rois plus suicidaires... tant mieux pour eux ! Cette espèce de mélancolie me colle à la peau – et j'avoue qu'à défaut d'avoir connu d'autre milieu, j'm'y sens tel un plancton dans l'eau...

Avant qu'on ne me le demande – j'allais très bien ! Merci ! Je sais qu'il y a des bémols dans ma mélodie – et alors ? les gammes mineures ne sont-elles pas les plus jolies ? Et les couleurs de ma palette automnale ne me paraissent pas moins glauques qu'un plein soleil létal ou qu'un ciel bleu de klein, exempt de tout grain, monotone... Si le spleen est un canal plus enclin au style – qu'on me pardonne... dans les nineties d'où je viens, c'était la donne…

Mais toi, dans tout ce mélo, toi tu fais tâche. J'ai perdu ma louse et du même coup mon incognito, maintenant les gens me jalousent autant que si j'avais décroché l'gros-lot – d'ordinaire j'me cache, bénéficiant d'une immunité hors-compétition. C'est comme si je n'avais jamais existé dans le regard de mon prochain, avant que tu daignes poser le tien sur ma chetron... Je croyais naïvement que ce que j'aime n'avait de valeur qu'à mes seuls yeux... J'ai bien conscience que tu es précieuse, mais tu sais que je ne te vois pas de la même manière qu'eux... Si tu me comprends vraiment, comment peux-tu m'aimer en l'état ? J'ai peur de ne pas être à la hauteur de ce que tu dis ne pas attendre de moi.

Tu me dis que tu m'aimes entier, que je n'ai pas besoin de jouer un rôle, ni de poésie pour m'exprimer. Tu m'dis que tu voudrais juste que je sois content. Que j'devrais sortir prendre l'air, il fait beau, c'est l'printemps... On se retrouvera pour « boire un verre » – d'accord mais quand ? Après les préliminaires, joueras-tu la Belle au Bois Dormant ? Rendez-vous dans les limbes de l'aube – ma douce succube de Satan.

Ha ! L'amour appelle l'amour/

le manque renforce le manque...

À nous le mix, voilà les samples...

Je flippe de ne plus être tout seul... Ton amour m'a percé à jour et je ne peux garder le magot pour ma gueule... Tu me jures que je suis un ange, même un prince déchu – ça t'arrange... Mais j'ai toujours peur que tu prennes peur, une fois passé le mirage des chaleurs...

Tu es ma chance. Je n'ai pas le droit d'être une erreur... Je crains de t'aimer sans échéance même quand tu m'auras composté le cœur…

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