P1/#5: J'Arrive

J’ARRIVE

Quand soudain, vibre, ça vibre et par réflexe, je m'apprête à décrocher mais je comprends qu'il s'agit d'une excitation bien plus profonde... dont la source ambulante se rapproche en écrasant les ressorts de sa longueur d'onde... Attendez une seconde... Ce n'est pas moi qui tremble, c'est le monde... Le rythme jusque là sourd s'éclaircit peu à peu, freinant aussi sec en d'insoutenables crissements métalliques avant que la rame ne fasse son entrée fracassante au ventre de la station...

Ça y est ! Voilà le signal ! C'est mon heure ! Oyez comme mon cœur s'emballe. Putain ça y est ! Moteur ! Bruxelles j'arrive ! Chaud devant ! Adieu ma non-vie passée... Il était temps ! Mon aventure commence !

– Hum !

Comme vous vous en doutez, la navette ne va pas dans le bon sens... J'ai du zapper l'annonce... Je réalise seulement mon absence...

Et toi ? Écho. Sans réponse, je me demande où tu es/ ce que tu fais/ à quoi tu penses...

Sonnerie de fermeture des portes – entre chaque mot j'appuie sur la barre-espace et le métro redémarre, s'engouffrant dans le boyau offert, en refaisant à l'envers tout son tintamarre... avec effet flippant Doppler...

Rideau ! mes doubles d'en-face ont disparu, laissant un turbulent cheptel à leur place, un centipède assez con pour marcher sur ses propres yeps, tant il est pressé de regagner la surface... je prends ce non-incident pour un signe : passer à côté de la vie... en regardant la vie qui passe – à la ligne... et on efface... Qui du curseur ou du temps sera le plus tenace ?

(...)

Me faire suivre ? par quelqu'un ? Pensez-vous que cela soit vraiment opportun ? Je sais d'entrée de jeu que je ne peux demander à personne ce qu'aucun ne peut me donner – sinon moi-même – vous me suivez ?

D't' façons j'bouge pas...

Je me demande ce que j'ai bien pu vous raconter jusqu'ici... J'ai l'impression de radoter sans cesse... et sans répit... sans quitter l'axe de ma spirale... Sans sujet, comment voulez-vous que je digresse ? Je parle d'une même moelle... Ne pas savoir ce qui m'attend... ça me stresse ! Au final, y a cette espèce de suspense latent, lequel s'installe, sournoisement, sans qu'on le soupçonne. Je stresse autant qu'un gosse à son premier jour d'école; comme si j'allais soudain tomber à court de voyelles ou de consonnes – je digresse avant que sonne, le glas sonne... Je digresse, normal à force, mais n'allez pas croire que c'est pour gagner du temps, du temps je n'en ai plus que quelques pièces... hélas ! – tac tic tac

Je ne compte plus les anges qui passent incognito, sans laisser de trace, comme as, sans un mot – ça m'angoisse... (°_°;)

J'arrive, j'arrive – ne m'attends pas ! J'étais sourd, à présent j'entends des voix... Je crois que la salle s'impatiente... et ça siffle... et ça tousse... et ça râle... et ça vente... ça m'en veut déjà... Le plus dur ce n'est pas d'attendre, mais de ne pas savoir exactement ce qu'on attend de moi... Comme si je devais encore prouver mon existence – Dois-je m'excuser d'être là ? en prenant le soin de ramener tout un faisceau d'indices à l'évidence ? Faut-il que je retrace et ressasse encore l'historique de mon vortex avant déchéance ? que j'alimente ma défense de circonstances aliénantes, le cas échéant ? – enfin, si j'ai bien senti la pression sous-jacente...

Tic tac/ un signal vite ! Deus ex machina ! Changement de tactique... TAC TIC Happening attentat ! Couac : mitraillettes à l'attaque... Atout pic : ça y est je craque... En réalité j'ai peur... panique... J'ai peur de savoir ce qui m'attend... C'est l'trac. Je suis une bombe à retardement... A comme atomique/ sans plastic de type C4... Tic tac et cetera.

Je note : consignes de sécurité/ captation d’énergie au sol ! Il est strictement interdit de descendre sur les voies. Toute non-observance de ce qui précède peut avoir des conséquences mortelles (selon les sanctions prévues par la loi).


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